Le concept architectural : un musée-maison

Au cœur du bourg, l'ancien hôtel devient musée...

Relais de poste avant l’arrivée du « tacot » en 1903, ce bar-hôtel-restaurant familial, associé à une petite ferme, fut jusqu’aux années 70 le cœur convivial de la vie du village d’Alligny-en-Morvan. Fermé en 1999, il est racheté par la communauté de communes des Grands Lacs du Morvan en 2012 pour le transformer en musée et lieu d’animation au centre du bourg. En place de l'ancien hôtel de la Poste, le Musée des nourrices et des enfants de l'Assistance publique a ouvert en avril 2016.


Le parti pris des architectes

Le chantier de réhabilitation de l'ancien Hôtel en Musée a été confié à l'Atelier Correia à Saulieu.

 

Le parti architectural est radical. Le bâtiment existant, en mauvais état, dont la restauration aurait été illusoire et économiquement lourde, est vidé de ses planchers et charpentes. Seuls les murs périphériques et quelques murs de refend sont conservés. Il en résulte un volume intérieur débarrassé de contraintes, librement exploitable.

Le projet consiste alors en une rampe lancée dans ce grand vide, à laquelle s’accroche une succession de boîtes, structurellement indépendantes, des unités « maisons ». Naît ainsi un petit village, avec sa rue principale, ses escaliers, ses raccourcis, ses échappées, ses places... Un urbanisme intérieur.

Extérieurement, le bâtiment s’habille de blanc, à l‘image des nourrices morvandelles et de leurs dentelles. Sa couverture est en ardoises, comme les « maisons de lait » des alentours. Les percements existants en façade principale sont conservés, dans leurs tailles et leur répartition aléatoire ; ils diffusent la lumière interne du bâtiment lorsque celui-ci fonctionne en soirée ou la nuit, comme une grosse lanterne magique, posée au cœur du bourg.

 

Les chambres d’hôtes dans le jardin du Musée reprennent le plan archétypal des petites maisons du parcours muséographique. A l'intérieur, des oeuvres d'artistes contemporain créées in situ (action Nouveaux commanditaires _ Fondation de France) leur donnent une identité forte ; pour proposer, là aussi, le temps d’une nuit, une véritable expérience.

 


Une scénographie architecturale

[extrait de la note d'intention Atelier Correia, 2010]

 

"Nous avons donné à la scénographie une échelle architecturale qui fait sens avec le sujet. Aborder spatialement cette histoire particulière doit être une occasion rare de pouvoir donner à vivre une véritable expérience physique qui convoque l’ensemble des sens des visiteurs.

Pour rendre compte de la dimension intime de l'histoire, une succession de petites maisons, de tailles et de formes variées, s’ouvrent aux visiteurs. Chacune aborde un thème particulier. Guidés par une rampe qui se déploie depuis le niveau de la rue jusqu’à l’étage du bâtiment, les visiteurs cheminent comme à l’intérieur d’un village, parmi les ruelles, les escaliers, les raccourcis, dans un parcours où s’entremêlent données historiques et témoignages plus intimes.

 

La scénographie s’élabore à travers différents concepts forts et marqués :

  • La maison, archétype formel du foyer. Pour ce faire nous proposons de jouer sur 2 types de « maisons » qui vont entretenir des relations particulières entre elles au fil de l’histoire et des thématiques développées : la maison mère, celle qui nous accueille, et les maisons-refuges, maisons d’accueil avec des formes des tailles et des aspects différents, installées au milieu de l’espace.
  • La peau intérieure, qui habille les murs et les rampants de la maison mère, qui est affectée à la dimension publique du sujet. Son traitement est un graphisme qui s’imprime directement sur les murs de chaux comme une fresque de mots et d’images symboliques.
  • Le jeu entre l’intérieur (espace de l’intime et du subjectif) et l’extérieur (pour la dimension interprétative du sujet) des petites maisons.
  • Le multimédia, par le biais des installations de la galerie numérique, joue un rôle essentiel. Il « incarne » le sujet. Aux données factuelles, le multimédia ajoute une dimension sensible. Les audiovisuels jalonnant le parcours jouent de la relation personnelle avec le visiteur, à l’intérieur des maisons. 

La scénographie a été conçue par Yves Kneusé, puis mise en œuvre et complétée
par l’agence les Pistoleros."